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Edito du Pèlerinage des pères et mères de famille 2023

 

Thème : « Fortifie-toi et prends courage » Js 1, 6

La vie chrétienne comporte nécessairement des combats et des difficultés multiples à vaincre. Il faut de la force pour agir malgré la fatigue, pour ne pas se laisser entraîner sur les voies de la facilité sous la pression de l’environnement social, pour continuer à aimer, et à se dévouer à des personnes lorsqu’on est déçu ou trahi par elles, pour rester fidèle aux engagements dans la lassitude et les désillusions, pour pardonner des offenses répétées, pour combattre nos défauts et nos habitudes de péché, pour rester serein dans la souffrance, pour résister à une autorité qui commande le mal, pour progresser dans le don gratuit de nous-mêmes, etc.

Quels sont les lieux dans ma vie où j’ai particulièrement besoin de force, les lieux où j’en manque ?

Mais les catholiques aujourd’hui éprouvent aussi beaucoup d’adversités. Il y a une adversité liée aux circonstances actuelles de la vie de l’Eglise : les scandales qui paraissent à certains moments la submerger ; il y a l’adversité d’une puissante pression culturelle, soutenue par la législation, qui combat les principes du bien moral et promeut le mal dans les domaines du mariage, de la famille, de la sexualité, de la transmission de la vie, du respect de la vie fragile. Il y a la promotion d’une liberté individuelle sans limite, mais simultanément des restrictions de liberté comme celle pour les parents de donner à leurs enfants l’éducation qu’ils souhaitent, ou d’autres libertés fondamentales.

Quel est le poids sur mon âme de toutes les adversités et quelles sont pour moi les plus lourdes ? Est-ce que je crois que je peux avoir la force intérieure de les assumer et que ce combat sera fécond ?

En outre, la culture actuelle favorise grandement l’amollissement de la volonté. En effet elle prône d’abord la revendication des droits : il n’y a pas à lutter pour acquérir les biens humains, car on y a droit par naissance ; ils sont dus et si on ne les obtient pas, on le reproche à la société, et on revendique. De plus, la société de bien-être et de consommation, offre la jouissance facile de beaucoup de biens souvent futiles ; cela provoque la fixation sur les biens matériels et l’oubli des biens spirituels, mais aussi l’amollissement de la volonté. D’où l’incapacité qu’ont les individus de prendre des engagements comme fonder une famille ou entrer dans la vie consacrée.

Ne suis-je pas trop attaché à une recherche de confort, de biens matériels superflus, au détriment du primat des biens spirituels, l’amour des personnes et la vie de foi ?

La somme d’adversités que l’on semble devoir affronter, amplifiée par le contexte médiatique, représente un double défi, celui de l’espérance et celui du courage. Car le courage suppose la confiance que le bien est atteignable. Or c’est l’espérance qui donne l’assurance que « rien ne peut nous séparer de l’amour de Dieu qui est dans le Christ » (Rom 8, 39), que nous ne sommes pas seuls dans les combats à mener, et toujours portés par lui. C’est la source de notre paix.

Peut-être nous demandons-nous s’il est possible que nos enfants ou petits-enfants puissent grandir dans la foi, ou que nous puissions vivre en chrétiens sans être rejetés, ou si le monde ne va pas vers des catastrophes ? Alors l’assurance que Dieu réalisera pour nous et ceux que nous aimons le bien qui nous est nécessaire, doit nous faire avancer malgré tout avec pleine confiance.

Comme chrétiens nous sommes sûrs que Dieu apporte son secours en toutes circonstances, qu’il n’exige pas de nous plus que ce qu’il nous donne de pouvoir accomplir, et qu’il nous procure le secours suffisant pour observer les commandements. C’est dans cette confiance inébranlable que nous devons agir.

Par ailleurs nous savons que dans l’ordre de la vie de foi, nous ne pouvons rien sans le secours de Dieu : « sans moi vous ne pouvez rien faire » (Jn 15,5). Enfin nous savons que tout est en vue de la vie éternelle.

Est-ce que je dépasse l’espoir humain par l’espérance fondée sur la foi ?

Le second défi avec l’espérance est celui de la force pour surmonter les difficultés et mener les combats intérieurs et extérieurs qui s’imposent.

Or la force est à la base une vertu humaine qui s’acquiert, l’une des quatre vertus cardinales. Elle s’acquiert d’abord dans la période de l’éducation, mais elle doit s’acquérir si nécessaire et en tout cas se perfectionner dans la maturité de la vie adulte. Par la vertu de force on affronte les difficultés avec facilité et même joie ; si elle est défaillante au contraire il va coûter de faire les choses difficiles ; la force s’acquiert par répétition d’actes qui coûtent, de telle sorte que la vertu grandisse et qu’ainsi on parvienne à agir avec plus de facilité.

Mais la force ne signifie pas une capacité d'imposer sa volonté. L’esprit de domination et l’obstination en sont des contrefaçons.  La vraie force n'est pas aveugle, écrasante, elle est toujours au service du bien, de l'amour et de ce qui est juste. La douceur, être patient, résister à la colère et aux excès des autres passions, exige de la force. L'acceptation responsable de l'autorité qui nous commande quelque chose de difficile, ou la renonciation à notre opinion lorsque quelqu’un à un meilleur avis, en exige aussi. La force permet la persévérance face aux difficultés persistantes, et fait supporter les souffrances prolongées. Aujourd’hui à ce propos on parle beaucoup de « résilience », mais dans un sens plus psychologique que moral.

Le manque de force (la faiblesse) se manifeste quand on cède au découragement, quand on renonce à agir par crainte ou par paresse, ou avec pusillanimité, dans l’illusion d’avoir une force en réalité absente.

Est-ce que j’ai à corriger ma conception de la force ? Est-ce que je travaille à devenir plus fort(e) ?

Dans la vie du chrétien le don de Dieu, la grâce, ne supprime pas la nécessité d’acquérir la vertu de force, mais il lui apporte, sans effort de sa part, une amplification, et elle est mise au service suprême de la vie avec Dieu. Tant la foi, que la charité et l’espérance sont un inestimable secours pour agir en chrétien avec la force nécessaire.

Et le don divin ultime pour la force est le don de force qui est l’un des 7 dons du Saint Esprit. Ecoutons le pape François en parler :

« Aujourd'hui, pensons à ce que fait le Seigneur : Il vient toujours nous soutenir dans notre faiblesse et il le fait avec un don spécial : le don de la force… Avec le don de la force, le Saint-Esprit libère le terrain de notre cœur, il le libère de la torpeur, des incertitudes et de toutes les craintes qui peuvent le freiner, de manière que la Parole du Seigneur soit mise en pratique, de façon authentique et joyeuse. … pensons à ces hommes, à ces femmes, qui conduisent une vie difficile, luttent pour faire vivre leur famille, éduquer leurs enfants : ils font tout cela parce que l'esprit de force les aide. …

L'apôtre Paul a dit une phrase qu'il nous fera du bien d'entendre : « Je peux tout en celui qui me donne la force » (Ph 4, 13). Quand nous affrontons la vie ordinaire, quand viennent les difficultés, rappelons-nous ceci : « Je peux tout en celui qui me donne la force ». Chers amis, parfois, nous pouvons être tentés de nous laisser gagner par la paresse ou pire, par le découragement, surtout face aux difficultés et aux épreuves de la vie. Dans ces cas-là, ne baissons pas les bras, invoquons l'Esprit Saint, pour qu'avec le don de la force, il puisse soulager notre cœur et communiquer une force nouvelle et de l'enthousiasme à notre vie et à notre sequela de Jésus. » (Audience générale du mercredi 14 mai 2014)

Père Marie-Vianney, supérieur des frères de saint à Cotignac

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